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Le colorisme

Le colorisme

Le colorisme implique des préjugés ou de la discrimination basés sur la couleur de la peau (Tummala-Narra, 2007). Bien qu’ils peuvent prendre plusieurs formes, ces préjugés sont souvent exercés contre les personnes à la peau foncée au profit des personnes à la peau plus claire et peuvent être vu comme une extension du racisme (FCRR, 2015; FPS, 2021). Le colorisme peut se produire entre personnes issues de groupes ethniques différents ou entre personnes issues d’un même groupe ethnique (FCRR, 2015). Cet article abordera les origines du colorisme, ses impacts psychologiques et proposera des pistes de solutions pour composer avec ce phénomène. Étant donné la complexité de ce thème, il sera impossible d’aborder tous les aspects qui y sont liés. Cet article vise à introduire humblement le sujet dans le but de sensibiliser à cette réalité.

Le colorisme au Québec

Le colorisme est un phénomène qui se manifeste différemment en fonction de plusieurs variables, notamment le contexte et l’origine ethnique (Tummala-Narra, 2007). Par exemple, au Québec, une personne d’origine caucasienne ayant une peau foncée au retour d’un voyage dans le sud sera perçue positivement, alors qu’en général le colorisme se manifeste en faveur des teints de peau plus claire (FCRR, 2015; FPS, 2021). Sur le plan psychologique, le colorisme inclut généralement des attitudes négatives, ou préjugés (Allport, 1954), envers la couleur de peau d’une personne. Un premier élément pouvant contribuer à la création de ce type d’attitude est nommé « l’effet simple d’exposition » qui implique que d’être exposé fréquemment à un même objet amène une évaluation positive de celui-ci (Zajonc 2000). L’omniprésence de personnes à la peau claire dans les médias et réseaux sociaux québécois pourrait donc en partie expliquer l’apparition chez certaines personnes d’attitudes positives envers elles, et inversement d’attitudes plus négatives envers les personnes ayant une peau plus foncée (Bourhis & Gagnon, 2006; Vallerand, 2006). Une autre piste d’explication peut être trouvée dans la théorie du conditionnement classique (Vallerand, 2006). Selon cette théorie, lorsqu’un stimulus (p. ex., une personne à la peau claire) est fréquemment associé à quelque chose de positif (p. ex., le rôle principal dans un film à succès), les deux éléments s’associent et amènent à adopter une réaction positive envers le stimulus en question. Ceci pourrait aussi expliquer la préférence de certaines personnes pour les teints de peau plus clairs. Les préjugés peuvent mener à de la discrimination, soit l’adoption de comportements négatifs dirigés envers un groupe précis (Dovidio & Gaertner, 1986). Les comportements discriminatoires, tout comme les préjugés, sont plus souvent adoptés lorsque des personnes de notre entourage adoptent elles-mêmes ces attitudes et comportements (Bourhis & Gagnon, 2006; Vallerand, 2006). 

Le colorisme : d’hier à aujourd’hui

Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer les origines historiques du colorisme. Certains avancent par exemple que le colorisme tirerait ses origines du colonialisme (FPS, 2021; Landor & McNeil Smith, 2019; Tummala-Narra, 2007) : afin de justifier leurs actions, les nations impérialistes auraient parfois invoqué une « mission civilisatrice des pays civilisés européens vis-à-vis des pays non civilisés », transmettant l’idée d’une « supériorité blanche » (FPS, 2021, p.5). La peau blanche aurait aussi souvent été associée à un symbole de richesse et de classe sociale élevé, la pâleur du teint signifiant que la personne n’avait pas à s’exposer au soleil en travaillant dans les champs (FPS, 2021). 

Plus récemment dans l’histoire, les mouvements pour les droits civiques ont amené un changement de paradigme qui a permis une évolution de la société quant aux questions d’égalité entre les individus (Landor & McNeil Smith, 2019; Sue et al., 2007). Malgré ces avancées, certains problèmes liés au racisme et au colorisme perdurent dans la société, notamment sous la forme de microagressions. Les microagressions peuvent être intentionnelles ou non et incluent des comportements, des paroles ou des éléments environnementaux qui communiquent de l’hostilité envers la race ou la couleur d’une personne (Sue et al., 2007). Les microagressions sur la couleur de peau sont associées à des impacts négatifs sur la santé psychologique (Landor & McNeil Smith, 2019).

Les impacts du colorisme sur la santé psychologique

Le colorisme a plusieurs impacts négatifs sur la santé psychologique. Ainsi, en comparaison aux personnes à la peau plus claire, les personnes ayant une peau plus foncée auraient une plus faible estime d’elle-même, seraient moins satisfaites de leur apparence corporelle, et souffriraient plus souvent de symptômes anxieux et dépressifs (Landor & McNeil Smith, 2019). En plus de ces conséquences, les microagressions portant sur la couleur de peau peuvent déclencher des réactions traumatiques chez les personnes qui en sont victimes (Bryant-Davis & Ocampo, 2006). Ces réactions peuvent inclure des sentiments de honte et de culpabilité liés à la couleur de peau, des réactions corporelles de stress (p. ex., augmentation de la pression artérielle, gain ou perte de poids), une hypervigilance ou des souvenirs intrusifs liés aux événements. Certaines personnes vont adopter des comportements pour tenter d’éviter les microagressions, comme le fait de s’isoler ou encore d’utiliser des produits de beauté pour altérer la couleur de leur peau (FPS, 2021; Tummala-Narra, 2007). D’autres vont même développer des conduites suicidaires (Landor & McNeil Smith, 2019)[1]. Être victime de colorisme génère très souvent un sentiment de colère difficile à canaliser (Landor & McNeil Smith, 2019). Certaines personnes vont retourner cette colère contre elles-mêmes. La colère peut alors se manifester sous la forme d’une culpabilité, d’une honte ou de symptômes dépressifs.

Des pistes de solutions

Comme il peut être difficile de savoir comment réagir face au colorisme, cette section abordera quelques pistes de solutions. Premièrement, prenez conscience que chacun porte en soi des biais et des croyances, et tentez d’en comprendre la source. Ces prises de conscience aident à mettre de côté ses préjugés pour adopter une attitude de respect et d’ouverture à la différence (APA, 2017; Sue et al., 2007). Dans la même veine, il importe de reconnaître que l’appartenance ethnique et la couleur de peau impliquent un niveau variable de privilège (APA, 2017). Deuxièmement, informez-vous sur le sujet afin de vous sentir suffisamment outillé pour agir contre le colorisme (p. ex., Gouvernement du Canada, 2024; UQO, 2024). Troisièmement, si vous êtes témoins de colorisme, il est conseillé de dénoncer la situation aux instances appropriées (Gouvernement du Canada, 2024).

Comme mentionné ci-dessus, être victime de colorisme peut avoir des impacts sur la santé psychologique. Pour pallier ces impacts, une piste consiste à trouver des moyens pour canaliser les émotions négatives vécues. Parmi ces moyens, certains trouvent utile de dénoncer la discrimination subie. D’autres choisissent plutôt d’utiliser l’indignation vécue pour s’engager dans un organisme communautaire ou pour organiser des activités militantes qui permettent de sensibiliser le public (Bryant-Davis & Ocampo, 2006). L’art peut également permettre de sublimer les émotions négatives (Lachance, 2021). En outre, il est important de partager votre expérience avec des personnes qui vous soutiennent et vous comprennent (Bryant-Davis & Ocampo, 2006). Vous pouvez notamment partager votre expérience par la parole, l’écrit et le partage de livres, vidéos et films sur le colorisme. Cela peut vous aider à vous sentir moins isolé et à trouver des moyens créatifs pour faire face à cette situation. Il importe également de se rappeler que la couleur de peau ne détermine en rien la valeur d’une personne. Enfin, dans le cas où vous éprouvez des symptômes psychologiques incapacitants comme ceux décrits dans le présent article, il est recommandé d’aller chercher de l’aide auprès d’un.e professionnel.le de la santé mentale avec qui vous vous sentez en confiance.

  1. Si vous avez des idées suicidaires, contactez le 1-866-APPELLE (277-3553) pour la ligne téléphonique de prévention du suicide.

Références

  1. Allport, G. W. (1954). The nature of prejudice. Addison-Wesley.
  2. American Psychological Association (APA). (2017). Multicultural Guidelines: An Ecological Approach to Context, Identity, and Intersectionality.  http://www.apa.org/about/policy/multicultural-guidelines.pdf
  3. Bourhis, R. Y., & Gagnon, A. (2006). Les préjugés, la discrimination et les relations intergroupes. Dans R. J. Vallerand (dir.) Les fondements de la psychologie sociale. (2e éd., pp. 531-546). Chenelière Éducation.
  4. Bryant-Davis, T., & Ocampo, C. (2006). A therapeutic approach to the treatment of racist-incident-based trauma. Journal of Emotional Abuse, 6(4), 1-22. doi: 10.1300/J135v06n04_01
  5. Dovidio, J. F., & Gaertner, S. L. (1986). Prejudice, discrimination, and racism : Historical trends ans contemporary approaches. Dans J. F. Dovidio & S. L. Gaertner (dir.), Prejudice, discrimination ans racism (pp. 1-34). Academic Press.
  6. Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS). (2021). Complexe de couleurs. Analyse. https://www.soralia.be/wp-content/uploads/2021/02/Analyse2021-Colorisme.pdf
  7. Fondation canadienne des relations raciales (FCRR). (2015). Le colorisme. https://crrf-fcrr.ca/fr/glossaire-de-la-fcrr/
  8. Gouvernement du Canada. (2024). Programme de prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail: microagressions au travail. https://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/feuille-derable/defense/2024/01/travail-microagressions.html
  9. Lachance, A. (2021). Bénéfices des oeuvres cinématographiques de fiction en contexte d’adversité existentielle [Mémoire doctoral inédit]. Université de Sherbrooke.
  10. Landor, A. M., & McNeil Smith, S. (2019). Skin-tone trauma : Historical and contemporary influences on the health and interpersonal outcomes of african americans. Perspectives on Psychologial sciences, 1-19. doi: 10.1177/174569161985178
  11. Sue D. W., Capodilupo C. M., Torino G. C., Bucceri J. M., Holder A. M., Nadal K. L., Esquilin M. (2007) Racial microaggressions in everyday life : implications for clinical practice. Am Psychol, 62(4), 271-86. doi: 10.1037/0003-066X.62.4.271. PMID: 17516773.
  12. Tummala-Narra, P. (2007). Skin color and the therapeutic relationship. Psychoanalytic Psychology, 24(2), 255-270. doi: 10.1037/0736-9735.24.2.255
  13. Université du Québec en Outaouais (UQO). (2024). Microagressions. https://uqo.ca/csipu/microagressions
  14. Vallerand, R. J. (2006). Les attitudes. Dans R. J. Vallerand (dir.), Les fondements de la psychologie sociale. (2e éd., pp. 235-279). Chenelière Éducation.
  15. Zajonc, R. B. (2000). Feeling and thinking : Closing the debate over the independence of affect. Dans J. P. Forgas (dir.), Felling and thinking : the role of affect in social cognition (pp. 31-58). Cambridge University Press.
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