Au Québec, il y a des milliers de personnes adoptées sans que l’on soit apte à en préciser le nombre exact, ce malgré les efforts investis (Secrétariat à la jeunesse, l'Institut de la statistique, Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et Institut national de santé publique du Québec). Une chose est certaine: l’adoption fait partie du paysage québécois.
Malgré les recherches, les travaux ainsi que l'apport des professionnels œuvrant dans le domaine, les enjeux et impacts de l’adoption ainsi que la réalité des personnes adoptées demeurent relativement peu connus. Un des phénomènes qui caractérise le vécu des personnes adoptées et qui prend de plus en plus d’ampleur est le désir d’entreprendre une quête des origines.
La quête des origines peut prendre différentes formes :
• recherche d’informations sur la culture d’origine et le pays de naissance;
• recherche d’antécédents sociobiologiques (fratrie, parents, grands-parents);
• retrouvailles avec les membres de la famille biologique;
• recherche de soi dans une quête identitaire.
Depuis trois ans, on constate une augmentation significative de démarches de recherche des origines chez les personnes adoptées à l’international, comme en fait foi le tableau ci-dessous (Secrétariat à l’adoption internationale, 2021). Il semble que ce phénomène soit également présent chez les personnes adoptées localement (Directeur de la protection de la jeunesse, 2020).
Contrairement à ce qu’on peut penser, l’intérêt pour la quête des origines n’est guère un signe de mauvaise intégration, mais fait plutôt partie d’un processus normatif du développement chez les personnes adoptées (Müller & Perry, 2001; Wrobel, Grotevant & McRoy, 2004). Cela dit, pour des raisons qui leur sont propres, ce ne sont pas toutes les personnes adoptées qui souhaitent entamer cette démarche. De plus, si l’adolescence est une période associée à la quête identitaire, il n’y a pas d’âge spécifique à laquelle le désir de la quête des origines chez les personnes adoptées prend naissance. Ainsi, la quête des origines peut être associée ou non à une quête identitaire chez les personnes adoptées.
Les motivations à mener une recherche de ses origines sont nombreuses et peuvent émerger dès l’enfance. Par exemple, le sentiment d’être étrangère au sein de sa famille adoptive peut activer le désir d’en connaitre davantage sur son histoire et de se connecter à ses origines. En ce sens, le besoin de connexion et d’appartenance constituerait un puissant motivateur chez plusieurs personnes. Le vide intérieur ressenti par plusieurs personnes adoptées pourrait également les pousser à chercher les informations sur leurs origines et ainsi à mettre ensemble tous les morceaux de leur histoire, d'où l'idée d'une quête identitaire chez celles-ci. Par ailleurs, les éléments déclencheurs de cette quête sont innombrables. Ainsi, des événements de vie, tel que la naissance d’un enfant, la mort d’une personne significative, un bris de relation ou un échec professionnel/relationnel peuvent faire naître chez la personne adoptée des besoins affectifs de sécurité, de connexion et d’appartenance, d’où un intérêt accru pour la quête de ses origines.
Les enjeux liés à l’adoption sont nombreux : enjeux affectifs (sentiment d'abandon, vide intérieur, insécurités affectives, fragilités d'attachement), expériences de microagression, de discrimination et de racisme, etc. Dans ce contexte, la quête des origines, qui est en soi une démarche normative dans le développement de la personne adoptée, peut représenter un parcours rempli d'embûches et de défis.
Sur le plan affectif, la personne adoptée qui amorce une démarche de recherche de ses origines peut vivre une grande insécurité face à l'idée d'être vue comme une personne "malade", "mal adaptée", "incomplète"..., cela même si la quête des origines ne reflète pas nécessairement une souffrance intérieure. Dans les cas où la souffrance et le vide intérieur sont vécus, la personne désire encore moins (craint encore plus) d’être perçue comme "anormale", "mal adaptée" ou "problématique".
La peur de l’inconnu, mais aussi le manque de connaissance face au phénomène de la quête identitaire et du retour aux origines freinent souvent les personnes adoptées qui gardent leur motivation à un stade embryonnaire. Craignant encore une fois d'être perçues comme étant « anormales » et redoutant ce qu’elles pourraient découvrir (ou ne jamais découvrir) de leur histoire, ces personnes peuvent se replier sur elles-mêmes, dans la solitude et l'inconfort...
Dans un certain conflit de loyauté, les personnes adoptées peuvent être préoccupées ou même inquiètes des réactions de leur famille, particulièrement de leurs parents adoptifs face à leurs démarches. Elle peuvent associer le processus de recherche des origines et plus encore, la recherche d’antécédents biologiques à une certaine trahison (échec relationnel, ou tout au moins, une insatisfaction) envers leurs parents adoptifs. Lorsqu’on saisit le sens identitaire de cette recherche, la crainte de trahison chez la personne adoptée, mais aussi le sentiment d’échec des parents adoptifs s’en voient atténués.
Il existe enfin des obstacles au niveau financier, puisque les démarches associées à la quête des origines peuvent être coûteuses en temps et en argent. Il va sans dire que cette démarche nécessite un accompagnement, certaines personnes ayant recours un soutien au groupe de pairs, d’autres préférant un suivi individuel par un professionnel.
Si vous êtes intéressé(e) à entamer une quête de vos origines ou si vous voulez accompagner un proche dans ce processus, voici quelques ressources qui pourront vous aider.
Responsable des demandes de recherche des antécédents sociobiologiques et de retrouvailles lorsqu’il s’agit d’une adoption interprovinciale ou internationale.
https://adoption.gouv.qc.ca/fr_recherche-des-origines
Responsable pour la recherche des antécédents familiaux (contient des renseignements non confidentiels consignés dans le dossier d’adoption). La personne peut ainsi terminer sa recherche ou la poursuivre vers le service de retrouvailles. Des accompagnements psychosociaux sont offerts si besoin.
Service d’accompagnement psychologique dans le processus de la quête des origines ou tout autre besoin psychothérapeutique pour les personnes adoptées et leur entourage.
https://www.cliniqueallegria.com
Ce service offre une étude de banque de données, traitement de dossier, informations médiatiques (Télévision-Journaux-Revues), réseau téléphonique, groupe d'entraide (Café-rencontre), accompagnement individuel ou de groupe et une confidentialité assurée.
https://www.mouvement-retrouvailles.qc.ca
L’Hybridé est un organisme à but non lucratif pour les personnes adoptées à l’international. Il est un espace de réflexion, de discussion, de rencontre et d’empowerment personnel et collectif. Par ses activités, L’Hybridé promeut la liberté d’expression, encourage le renouvellement des idées et favorise le développement identitaire de l’adopté.e devenu.e adulte. L’Hybridé permet aux personnes adoptées de toutes nationalités de se rassembler et de se ressembler.
La mission de l'organisation est de soutenir les personnes adoptées de tous âges et de toutes origines ainsi que les parents adoptants, afin de favoriser un bien-être individuel et familial.
https://www.rais-ressource-adoption.org
L’organisation a pour mission : éduquer, soutenir, connecter, collaborer, galvaniser etdonner la parole aux adoptés internationaux du monde entier.
