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Comment est-ce que la difficulté de mentalisation en trauma complexe se distingue de celle en contexte d’adoption ?

Comment est-ce que la difficulté de mentalisation en trauma complexe se distingue de celle en contexte d’adoption ?
Publié le:
Tuesday
10
September
2024

 « La mentalisation, ou la capacité réflexive, peut être définie comme l’habileté des individus à se comprendre eux-mêmes et à comprendre les relations avec les autres en termes d’états mentaux. » (Fonagy et al., 2012; Berthelot et al., 2013). En d’autres mots, elle consiste en la capacité d’une personne à comprendre ses pensées, ses sentiments, ses intentions, ses valeurs et ceux d’autrui. 

Lorsqu’une personne vit un traumatisme à l’enfance, sa capacité de mentalisation est affectée. Elle peut éprouver de la difficulté à distinguer sa réalité de celle des autres. Cet enjeu se retrouve également dans un contexte d’adoption. L’objectif de cet article est de comparer et nuancer les difficultés à mentaliser d’une personne ayant vécu un trauma complexe et celles d’une personne adoptée. 

Quels sont les problèmes de mentalisation associés à un trauma complexe ?

Les personnes ayant vécu un trauma complexe à l’enfance sont plus enclines à utiliser des modes de pensée dits « pré-mentalisation. » En ce sens, elles sont souvent incapables de reconnaître et interpréter leurs états internes et ceux des autres, ce qui limite leur régulation émotionnelle et les rend plus susceptible d’être envahis par la détresse.

Cette difficulté à mentaliser occasionne plusieurs problèmes pour les personnes ayant vécu un trauma complexe. Il est possible que leur esprit ne soit pas transparent, signifiant qu’elles peuvent offrir des explications bizarres ou incohérentes lorsqu’elles expliquent un événement (Ex. « Elle s’est mise à me courir après en dessous de la cuisine, en dessous de la table. »). Elles peuvent également avoir tendance à attribuer leurs pensées aux autres (à se projeter). Elles considèrent d’emblée que les autres pensent comme elles et qu’elles n’ont pas besoin de valider la compréhension de leurs propos. Elles peuvent éprouver de la difficulté à trouver les mots pour exprimer leurs pensées et leurs sentiments et dissimuler volontairement des informations.

Comment est-ce que ça se reflète chez une personne adoptée ?

En contexte d’adoption, puisque le développement d’une relation d’attachement sécurisante est entravée par la séparation de la mère biologique et de la personne adoptée, la capacité de mentalisation de la personne adoptée est ralentie. Lors de la séparation, la personne adoptée ressent une surcharge émotionnelle, incluant colère, tristesse et peur, émotions associées à l’internalisation qu’elle fait d’être « un mauvais bébé ». Cette surcharge émotionnelle peut désactiver sa capacité réflexive nécessaire à la mentalisation. 

Dans l’immédiat, personne n’est en mesure d’aider l’enfant à interpréter ses états internes (ses émotions), les intentions des autres (pourquoi sa mère n’est plus là) et le sens du monde (elle peut internaliser que le monde est un endroit « dangereux. »). À l’orphelinat, les donneurs de soins n’ont pas toujours le temps d’aider l’enfant à développer sa capacité de mentalisation. Ils doivent répondre aux besoins de plusieurs enfants simultanément, réduisant leur niveau de stimulation. C’est au sein de sa famille adoptive que la personne adoptée peut développer cette habileté à travers le développement d’une relation d’attachement sécurisante. 

Cependant, si un attachement sécurisant n’est pas développé au sein de la famille adoptive, les problèmes de mentalisation, similaires à ceux associés au trauma complexe, perdurent. Par exemple, à l’âge adulte, une personne adoptée peut également projeter ses émotions et ses pensées sur les autres sans valider auprès d'eux (Ex. Penser que toutes les personnes adoptées veulent retrouver leur famille biologique parce qu’elle veut retrouver sa famille biologique).

Conclusion et pistes d’intervention

En conclusion, les problèmes associés avec la difficulté de mentalisation sont semblables en contexte de trauma complexe et en contexte d’adoption. Une personne adoptée et une personne ayant vécu un trauma complexe ont de la difficulté à distinguer leurs états internes de ceux d’autrui. Il est possible d’apprendre à mentaliser grâce à l’accompagnement d’un.e professionnel.le de la santé.

Références

  1. Collin-Vézina, Delphine. (2019). Trauma complexe, sur le site Institut de pédiatrie sociale en communauté. Consulté le 3 avril 2024. https://institutpediatriesociale.com/wp-content/uploads/2020/03/Trauma-complexe-Document-de-prise-de-notes.pdf
  2. Daigle, Maïly (2020). Abandon, vie en institution et adoption internationale : enjeux et impacts à l’âge adulte. [Thèse de doctorat]. Université du Québec à Outaouais, 206 p.
  3. Godbout, Natasha, Milot, Tristan et Delphine Collin-Vézina (2019). Répercussions liées aux traumas complexes et pistes d’intervention, sur le site Université McGill. Consulté le 3 avril 2024. https://www.mcgill.ca/crcf/files/crcf/s3.2_godbout_symposium_traumacomplexe2019_tm.pdf
  4. Le Run, Jean-Louis (2012). Des loyautés de l’enfance aux conflits de loyauté : un concept pertinent en clinique ? L’exemple de l’adoption, n.56, p.35-45. Consulté le 28 mai 2024. https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2012-3-page-35.htm 
  5. Richards, Sarah (2018). “I’m more than just adopted”: Stories of Genealogy in Intercountry Adoptive Families, sur le site de Research Gate. Consulté le 28 mai 2024. https://www.researchgate.net/publication/326867983_I'm_More_Than_Just_Adopted_Stories_of_Genealogy_in_Intercountry_Adoptive_Families 
  6. Verrier, Nancy Newton (2019). L’Enfant adopté : comprendre la blessure primitive. 3e édition. De Boeck, 224 p.
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